jeudi 14 décembre 2017

Bitter sweet race

Bitter sweet race

Courir un premier marathon sans montre et en prenant des photos, autour de 3h30.

C'était l'objectif initial quand j'ai réussi à me qualifier pour le marathon de New York, ce qui représentait déjà pour moi l'équivalent de remporter une médaille d'or aux Jeux Olympiques...

À l'époque, j'étais fatigué de m'entraîner aussi fort toujours en consultant ma montre..et comme nous attendions un 2e garçon qui allait avoir 3 mois au moment du marathon de New York, les attentes initiales n'étaient pas très grandes sauf d'avoir du plaisir!

Au mois de février, en changeant d'emploi et en ayant maintenant la chance de m'entraîner 2 fois par semaine au besoin sur l'heure du lunch avec le groupe de Dorys Langlois, j'ai pensé que je pourrais courir New York entre 3h05 et 3h10.

Mon premier podium à vie sur un marathon en avril m'a confirmé que la forme était présente...il restait à voir la motivation et les nuits à venir au cours des prochains mois!




En m'entraînant avec le groupe de Dorys et en profitant de la proximité avec le Mont-Royal, j'ai eu plus de plaisir que jamais à m'entraîner. Louka est venu au monde et j'ai enchaîné avec le défi Mathéo: aller porter Mathéo à la course à la garderie chaque matin et soir pendant mes 5 semaines de mon congé de paternité. J'ai réussi mon défi et comme Louka était un bébé assez tranquille, je partais également 1 fois par semaine faire un méga entraînement qui ressemblait à ceci:

1km de réchauffement
3km rythme demi-marathon sur des Carrières
3km confo sur du Parc
10 km d'intervalles avec Dorys sur la piste de McGill (je me souviens encore d'un midi où j'ai fait 10x400 mètres en 1m17s chacun...moyenne autour de 3m10s le km!)
3km relax sur du Parc
3km progressif sur des Carrières: 1km rythme marathon, 1km rythme demi-marathon et 1km rythme 10km.
1km cool down jusqu'à la maison

Sans oublier les 5km pour aller et revenir de la garderie! :-)


Première course (1km) pour Mathéo et demi-marathon pour moi à la fin août pour tester la forme avec un bébé


Quand j'ai repris le travail vers la fin septembre, il me restait 6 semaines avant le marathon et c'est là que j'ai commencé timidement à penser que je pourrais peut-être courir sous les 3h...

Les 6 semaines suivantes ont super bien été, Louka a commencé à faire ses nuits vers 2 mois et il me manquait un peu de sommeil mais je me sentais en grande forme et plus confiant que dans le passé comme j'avais déjà réussi à courir un marathon en moins de 3h. Quelques jours avant de quitter pour New York, je me suis même demandé si dans une journée parfaite je pourrais m'attaquer à mon record de 2h57 et 43 secondes, même si New York est considéré un parcours difficile.

Ma logistique pour me rendre à New York a souvent changé et au final, j'ai opté pour m'y rendre seul en autobus de nuit pour différentes raisons pratiques. J'étais super excité la semaine avant le marathon, comme un enfant qui attend Noël! Malheureusement, j'ai perdu un peu d'excitation en voyant qu'ils annonçaient de la pluie pour le marathon et en apprenant ensuite qu'un attentat terroriste avait eu lieu. J'étais à Boston l'année après les bombes et ça devient plus émotif et un peu moins festif disons...

Croix pour les victimes de l'attentat de NYC sur la piste cyclable...


Arrivée à New York le vendredi matin à l'heure de pointe dans Times Square, j'étais un peu courbaturé de ma nuit entrecoupée de sommeil (vive les autobus aux douanes en pleine nuit!) mais le chauffeur d'autobus a fait jouer Frank Sinatra à tue-tête en arrivant dans la Grosse Pomme et ça a réveillé! J'ai marché pour me rendre à l'exposition, histoire de me dégourdir un peu les jambes.

Une publicité pour la bière officielle du marathon à la santé des marathoniens dans Times Square!


J'ai toujours adoré les expos marathon pour me mettre dans l'ambiance et celle-ci ne fut pas différente, bien au contraire. New York fait partie du circuit des 6 plus importants marathon au monde et c'est le plus gros de tous avec 50 000 coureurs. L'expo est en conséquence. J'y ai passé plus de temps que prévu et je me suis acheté quelques souvenirs comme je ne prévoyais pas retourner à New York un jour...parce que ça coûte très cher comme week-end et qu'il faudrait que je me re-qualifie en plus en courant à nouveau un marathon en 2h57!




Pour me déplacer à New York, j'avais décidé de prendre une passe de 3 jours illimités avec leur Bixi local. Ça aurait été plus sage de prendre le métro pour reposer mes jambes...mais c'est New York, j'aime faire du vélo et ça me semble pas mal plus le fun de me déplacer en Bixi!



Je fais une rencontre inspirante en demandant de l'aide à une femme pour débarrer mon vélo: j'apprends que cette personne est la première femme qui a couru un marathon sur les 7 continents! Elle m'accompagne finalement tout près de mon hôtel juste à côté de la ligne d'arrivée du marathon à Central Park. C'est particulier car j'avais également rencontré une autre femme très inspirante (Diane Légaré) dans un de mes très rares entraînements au Parc Maisonneuve cet été, une femme qui faisait des intervalles pour se préparer à battre le record canadien de son groupe d'âge au 10km du Parc Lafontaine (elle a réussi!). Elle m'avait invité à battre son record de 3h01 et 00 secondes réalisé à New York il y a plusieurs années et elle fut une source de motivation pour viser 2h59.

Avec un hôtel juste à côté de l'arrivée du marathon, je fais ma dernière course en fin d'après-midi en courant les derniers km du parcours sous les 22 degrés et un superbe soleil! On m'avait prévenu que les derniers km dans Central Park sont les plus difficiles mais ma reconnaissance me confirme que c'est des vallons plus que des côtes mais je peux comprendre que ça peut faire mal après 40km de course. J'ai les jambes un peu lourdes après l'autobus de nuit mais quand même rapides et je me sens prêt.

Les vallons sur la fin du parcours du marathon


Après avoir pris un verre avec un autre coureur de mon club (Simon) et sa famille en soirée, la journée du lendemain est sans histoire alors que je visite tranquillement Groud Zero et les pistes cyclables de New York.





Dimanche matin, jour de la course, je me réveille juste avant mon réveil-matin. La journée du marathon de New York est toujours quelques heures après le changement d'heure ce qui fait qu'on gagne 1h de sommeil avant le marathon! :-)



Néanmoins, c'est tellement gros comme logistique que je dois quitter mon hôtel à 6h du matin alors que mon départ est seulement à 9h50!!!

J'ai consulté pratiquement à chaque heure les prévisions météo au cours de la journée précédente car ils annoncent 15 degrés avec une légère pluie et j'ai hésité jusqu'au matin même à savoir si je courais uniquement en camisole ou non. Le matin même, la pluie n'étant pas annoncée avant midi environ, je décide d'y aller avec la camisole seulement.

Je réussis à avoir une place assise dans le métro en compagnie de nombreux autres coureurs et je débarque 30 minutes plus tard au traversier qui m'amènera à Staten Island prendre un autobus. La chance est avec moi car c'est noir de monde pour attendre le bateau mais mon instinct m'envoie complètement à gauche faire la file (truc pour les futurs coureurs de ce marathon!) et je n'attends que quelques minutes avant d'embarquer dans le bateau suivant. Simon est arrivé à la même heure que moi et il a attendu 4 bateaux et a presque manqué le départ de son coral en attendant au centre de la file.

Le trajet en bateau de 30 minutes est un incontournable pour moi (ils offraient un trajet un peu plus court mais en autobus seulement) car nous passons tout près de la Statue de la liberté et nous avons de belles vues, malgré le brouillard, des gratte-ciels de New York derrière nous.

La Statue de la liberté était beaucoup plus près de nous mais je n'avais pas apporté mon appareil photo pour courir!


Après quelques minutes de marche à la sortie du bateau, nous attendons une quinzaine de minutes les autobus nous transportant vers le village de départ pour un trajet de 20 minutes. En sortant de l'autobus, ça devient encore plus réel...entre autres avec une dizaine de policiers bien armés qui fouillent chaque personne débarquant des centaines d'autobus nolisés cette journée-là. Je n'ai jamais vu autant de sécurité de toute ma vie. C'était honnêtement très très relax à Boston l'année après les attentants au niveau des fouilles: c'est tout le contraire ici.

On marche ensuite quelques minutes pour se rendre à l'un des 3 villages où nous devons attendre le départ. Je suis dans la première des trois vagues de départ dans le coral vert. Comme à Boston, c'est une des rares courses où ton numéro de dossard indique ta vitesse. J'ai le dossard 3 417 de mon côté. Chacun des villages est constitué de quelques grandes tentes et de beaucoup de verdure. Les tentes sont pour fournir de l'eau, du gatorade et des bagels. Je prends de l'eau, un gatorade pour plus tard et quelques bouchées d'un bagel et je me dirige vers les toilettes et mon coral de départ. J'ai finalement seulement 10 minutes d'avance sur l'heure de fermeture de mon coral, qui est 50 minutes avant le départ.

Photo trouvée sur Internet


On attend donc 50 minutes sur le pont..heureusement qu'il fait relativement chaud! Première (et seule) déception majeure de ce marathon: notre coral se trouve à l'étage inférieur du pont et je ne pourrai donc pas avoir la chance de courir sur le pont avec la vue de New York, l'image la plus mythique de ce marathon à mon avis. De plus, à mon immense surprise, il n'y a pratiquement aucune animation et pas d'ambiance en attendant le départ. À peine quelques chansons parfois qui sortent de haut parleurs mais rien de motivant. Le maire prononce un discours, une chanteuse chante l'hymne national mais on ne voit rien car ça se passe au-dessus de nous. Quelques coureurs parlent entre eux et je suis au moins content de pouvoir soulager ma vessie juste avant le départ sur le côté du pont! J'échange quelques paroles avec un Israëlien qui a le même objectif que moi (2h59) et je lui confirme que je prévois courir le premier demi-marathon en 4m10, peut-être même un peu plus vite (ça prend 4m14 pour courir 2h59).

L'image que je n'ai jamais vue!!! :-(


9:50: C'est un départ!!! C'est très étrange car on court sur l'étage inférieur du pont où c'est plutôt sombre mais j'ai quand même un frisson et une fierté de me dire que je suis en train de courir le marathon de New York!

La plus grosse côte du marathon est au départ alors qu'on monte sur le pont pendant 1km avant de redescendre ensuite. Je ne veux pas partir trop vite mais c'est tellement difficile de se retenir quand ça fait près de 4h que tu as quitté ton hôtel et que tu cours le marathon de New York!

Vers la sortie du pont, on voit au loin les gratte-ciels de la ville à travers le brouillard et c'est impressionnant de se dire qu'on va terminer là-bas 42,2km plus tard. Après 3km, je réalise que je cours beaucoup plus vite que prévu, étant autour de 4m04 le km malgré un kilomètre tout en montée. Je décide de poursuivre à ce rythme, même si je sais que c'est un peu trop rapide, car mes pulsations cardiaques sont dans la zone que je souhaite, autour de 162.

En sortant du pont, on arrive dans Brooklyn et la foule est impressionnante. Il y a quelques rangées de personnes des deux côtés de la rue et ça crie très fort. J'ai le sourire facile et je tape dans les mains de plusieurs enfants. J'entends très difficilement ma musique alors que plusieurs groupes qui semblent plus ou moins improvisés jouent sur le trottoir à travers les spectateurs. Je remarque des p'tits vieux qui jouent des chansons plutôt récentes et je vois des ados qui jouent Paradise City de Guns N' Roses! Une pancarte attire également mon oeil: You won't finish this: FAKE NEWS! C'est ma pancarte préférée!

Photo trouvée sur Internet


Bref, je ne suis pas super focus mais je profite au maximum de ma course et mes jambes courent toutes seules: je franchis la barre des 10km en 40m20, soit à 4m02 le km. C'est définitivement trop vite mais mes pulsations sont OK et je fais parfois le test de dire une phrase à voix haute pour vérifier si je suis très essoufflé et tout est sous contrôle. Rendu là, c'est déjà trop tard pour ralentir et je me dis que ce sera quitte ou double et que j'y vais pour le record personnel en 2h56! Je cours présentement sur un rythme autour de 2h50!!!

Toujours dans Brooklyn, j'arrête parfois ma musique car c'est trop cacophonique. Au 13e km, on aperçoit un monument particulier qui signale qu'on va quitter cet arrondissement et en plus je me rappelle être venu ici célébrer avec Julie notre premier anniversaire de mariage en 2013! J'envoie des becs à la foule pour les remercier de leur support et nous arrivons dans Queens. Jusqu'au 21ekm, tout est toujours sous contrôle mais je suis surpris de voir que je commence déjà à courir un peu moins vite même si les sensations sont sensiblement les mêmes. C'est vrai que je force un peu plus et que j'ai un peu chaud (il fait quand même 17 degrés ressenti, ce qui est un peu chaud pour un marathon) mais je sais que j'ai une bonne marge de manoeuvre et je me doute maintenant qu'un record personnel n'est plus réaliste (je suis à 1h28 au demi-marathon).

L'ambiance est toujours incroyable mais je réalise en même temps que c'est difficile de rester concentré sur sa course avec tous ces stimulis! On attaque une autre longue montée, un pont nous amenant vers Mannathan et j'échange mes premières paroles avec un coureur, plutôt une coureuse qui me rattrape, en lui disant en parlant des gens qui nous attendent que je pense qu'ils sont là pour nous. Elle me répond que c'est ici que le fun commence. Je lui répond effectivement que le fun et la course commence ici! En fait, le conseil principal qu'on m'a donné pour ce marathon est de ne pas m'emballer avec la foule en arrivant sur la 5e avenue dans Mannathan car on est alors seulement au 25ekm. Une très fine pluie commence (ce qui rafraîchit et m'arrange parfaitement!) mais il semblerait que ça a amené plusieurs spectateurs à demeurer chez eux. Ça demeure qu'il y a beaucoup de supporteurs mais ils sont moins bruyants que dans Brooklyn, un peu plus BCBG! :-)

Je cours de façon constante, sur le pilote automatique, et je finis par trouver ce segment un peu long. On court en fait près de 10km en ligne droite et j'ai l'impression que c'est un léger faux plat montant et que nous avons le vent dans la face. J'essaie de me cacher derrière d'autres coureurs en attendant un changement de décor.

Autre photo trouvée sur Internet...j'étais le seul coureur à aimer les ponts je pense!


Finalement, un autre pont nous amène dans le Bronx pour un rapide passage avec un manque de supporteurs flagrant mais ça fait du bien pour pouvoir être un peu plus focus et faire le point sur sa course. On retourne ensuite dans Mannathan au 32ekm pour les 10 derniers km. Tout va toujours très bien de mon côté mais je commence à me faire dépasser davantage et je ne peux pas vraiment courir un peu plus vite, ce qui était mon plan initial. Je constate que ma vitesse moyenne a diminué beaucoup mais je suis quand même autour de 4m11 de moyenne alors j'ai une bonne marge de manoeuvre avec 10km à faire. J'ai mon premier creux de quelques minutes en attendant d'arriver enfin dans Central Park! La fatigue s'installe définitivement mais mon mental est super bon, comme il ne l'a jamais été dans un marathon.

On y arrive finalement et je sais qu'il reste seulement 3km à faire. Je commence déjà à visualiser la ligne d'arrivée, à penser à mon sprint final et à me voir la franchir les bras dans les airs. Et bang! Un lapin me dépasse avec sa pancarte et c'est évident que c'est celui de 3h! Je suis ébranlé car je pensais encore être capable de courir en moins de 3h ce marathon, surtout que ma montre m'indique une moyenne de 4m14s le km! Ça me scie les jambes et me décourage mais je me reprends rapidement et sans essayer de le rattraper j'essaie de le garder dans ma ligne de mire en me disant que je pourrai au moins courir en 3h00.

Enlevez quelques degrés et ajoutez une fine pluie


Je regarde définitivement trop souvent ma montre par la suite au lieu de simplement courir et donner tout ce qu'il me reste. Je suis également déstabilisé par ma musique car au lieu de terminer avec des chansons punk ou heavy métal pour me fouetter, comme j'ai arrêté souvent ma musique, je me retrouve à courir avec des chansons super inspirantes mais pas les plus rapides. Je tourne le dernier gros virage avant la dernière grosse côte et c'est une énorme coïncidence que la chanson qui joue soit ma chanson inspirante depuis ma qualification pour ce marathon: Running down a dream de Tom Petty. Sa mort récente rend cette chanson encore plus symbolique pour moi. Je me sors de ma zénitude pour attaquer avec tout ce qu'il me reste cette côte mais rendu en haut, j'ai la mauvaise surprise de voir que l'horloge va changer pour 3h01 dans quelques secondes...Je donne tout ce qu'il me reste mais je sais que ce sera trop peu et trop tard et je décide quand même de franchir la ligne d'arrivée les bras dans les airs, peu importe. Je vois 3h01 et 7 secondes sur ma montre (mon temps officiel sera de 3h01 et 3 secondes...et 4m14s de moyenne à ma montre étant donné que j'ai couru 500 mètres de plus, ce qui explique l'écart de 2 minutes).

Je suis quand même très fier de moi mais c'est certain que j'ai déjà un goût amer. Je sais que j'aurais pu très facilement courir 3h00 en débutant mon sprint plus tôt, et sûrement 2h59 avec un départ plus contrôlé (mon coach qui m'avait suivi en direct sur Internet est certain que j'aurais pu courir 2h57 en courant 1 minute plus lentement mon premier demi). Je sens en recevant ma médaille que je suis un peu moins fatigué que lors de mes précédents marathons et qu'il me reste un peu d'énergie. J'ai été trop conservateur dans les côtes de Central Park. En revenant à Montréal le lendemain, en analysant rapidement mes données sur ma montre (première fois à vie que je fais ça!), je constate que j'ai dépensé un peu plus d'énergie que prévu dans mes 15 premiers km, flirtant plus souvent que je pensais avec des pulsations cardiaques autour de 164. Je terminerai d'ailleurs ce marathon avec une moyenne de 159 pulsations cardiaques à la minute et je sais que je peux faire un peu mieux que ça en gérant mieux mon effort (j'avais 162 de moyenne à Toronto il y a 2 ans sur un parcours plat).

La sortie du marathon est looooongue avec probablement 1km à marcher, incluant une autre côte (...) et avec la fine pluie, je commence à greloter en marchant. Une bénévole me prend en pitié et me mets le puncho qu'ils offrent sur moi mais j'ai quand même vraiment froid avec ma camisole mouillée. Je bois beaucoup d'eau, un peu de gatorade, le peu de nourriture offerte et je retrouve Simon avant de rejoindre mon hôtel juste à côté et une bonne douche CHAUDE!!! :-) Au final, l'arrivée du marathon est un peu décevante car il n'y a aucun supporteur autour de nous, sûrement pour des questions de sécurité. Je m'attendais à beaucoup plus d'ambiance. C'est définitivement les New Yorkais qui mettent de l'ambiance, pas l'organisation elle-même.

J'écris ensuite à quelques personnes et je prends une immense marche de près de 2h pour retrouver Simon et sa famille pour souper dans un resto. La pluie a cessé, ça me fait du bien de marcher et je m'arrête en chemin pour manger quelques trucs.

Quand même fier de moi!

En quittant mon hôtel après le marathon



Ma collation pour la route...1 autre pointe de pizza suivra avant le souper!




Après un hamburger que je n'ai pas réussi à terminer (c'est très rare!!!) et une bière, je me dirige vers mon autobus de nuit pour faire mes adieux à New York!

J'ai retrouvé avec joie Julie et Louka sur mon heure du lunch le lendemain!

Mon grand garçon avec le gilet que je lui ai acheté à NYC!


Rapidement à mon retour, j'ai pris quelques décisions:

-J'ai réservé une chambre pour toute la famille à Boston en avril. J'aime vraiment mieux être avec ma famille pour courir un marathon à l'étranger. Et je vais mieux gérer ma course pour finir en 2h59. Et l'ambiance est incroyable à New York, mais Boston demeure ma course préférée!

-Je veux quand même retourner courir New York pour 4 raisons:

1) Je veux passer un superbe week-end en famille là-bas
2) J'espère fortement pouvoir être sur le départ au-dessus du pont
3) J'aimerais pouvoir voir l'ambiance lorsqu'il fait soleil
4) Je veux prendre ma revenge sur les 64 secondes manquantes!

-Pour retourner à New York, je vais courir le marathon du p'tit train du nord le 22 octobre avec un parcours super rapide et mon objectif sera de briser mon record personnel.

-Je vais continuer de m'entraîner en ayant autant de fun: la forme physique était là même après 40 ans et 2 enfants...il faut seulement que je gère mieux mes courses!

Première course avec les 2 gars pour leur sieste: Louka se calme et dort dès que je commence à courir! :-)


Au plaisir!

Philippe







jeudi 13 octobre 2016

Pu jamais!

Écouerré!

Je l'étais vraiment avant ce marathon d'Albany. Les longues sorties de plus de 2h qui monopolisaient une partie de mes temps libres en regardant constamment ma montre pour être certain que je courais à la vitesse prescrite, les retours de mon entraînement sur piste du mardi soir où j'avais de la difficulté à m'endormir tôt après avoir couru 26km au total avec 10km d'intervalles sur la piste, et les jeudis midis au Parc Jarry sur mes heures de lunch où je devais me botter les fesses pour faire d'autres intervalles, et tout recommencer semaine après semaine pendant deux mois. Tout en me coachant moi-même et en organisant mon horaire pour que l'impact sur ma famille soit négligeable.

Courir avec Mathéo est la façon la plus le fun d'ajouter des km sans regarder ma montre.

 
Après avoir passé deux ans à m'entraîner pour me qualifier pour le marathon de Boston en 3h10, j'ai passé les trois années suivantes à m'entraîner pour casser la barre du 3h. Et ajouter en cours de route l'objectif de me qualifier pour le marathon de New York en 2h57 pour mes 40 ans. Ça fait 13 marathons consécutifs à pousser le corps humain à l'entraînement et lors des marathons, deux fois par année depuis six ans maintenant. Ça devient un peu fatiguant physiquement et mentalement.

L'avantage de s'entraîner à la chaleur!


J'avais déjà commencé à mentionner à mes proches, surtout à Julie, que je ne pensais plus m'entraîner aussi fort pour mes prochains marathons, peu importe le résultat d'Albany. Raison de plus pour tout donner à Albany et c'est également la raison pour laquelle j'ai fait attention de ne pas aller dans mes réserves lors des entraînements et que je n'ai pas fait de course préparatoire, histoire de garder toute mon énergie pour une seule course.

J'arrive confiant et dans un bon état d'esprit à Albany, gracieuseté d'une semaine très relax d'entraînement, d'une journée au spa, de deux massages et de deux séances d'acupuncture. Et Mathéo m'a offert un grand coup de pouce en dormant en général 30 minutes de plus le matin le mois précédent le marathon.

Les guerriers sont prêts!


Sur la ligne de départ, mon plan de match est clair dans ma tête depuis quelques jours déjà: avec 10 degrés au départ et 13 degrés à mon arrivée prévue, c'est short et camisole, pas de bouteilles d'eau sur moi, un gel Rocktane aux 9km, des capsules de sel au cas seulement et une stratégie agressive avec un premier demi-marathon en 1h26-1h27 et le second en 1h30 pour 2h57.

J'estime que je devrais terminer dans les 40 premiers alors je prends position en conséquence sur la ligne de départ, à droite, parmi un peu plus de 1 000 coureurs.







Les premiers kilomètres vont super bien et je suis même plus rapide que prévu. Au 5e km, je constate que j'ai couru en 20 minutes et des poussières. Je commence déjà à me dire que je devrais ralentir légèrement car autrement je vais payer plus tard. Juste après le 5e km, on entre dans la forêt sur la piste cyclable (c'est très beau!) et je me détache de quelques coureurs pour suivre deux grands gars qui courent à 4 minutes le kilomètre. C'est très (trop) rapide car ça correspond à ma vitesse pour un demi-marathon mais comme ils me coupent le léger vent de face, je décide de les suivre. Je franchis finalement les 15 premiers km du marathon en 1h! Ça égale mon temps le plus rapide...mais sur un demi-marathon alors qu'il ne reste que 6km à courir, contre encore 27 pour moi! Je vais vraiment payer plus tard...mais j'accepte le risque et en même temps je suis mon plan de match.

On court sur une piste cyclable à compter du 5ekm.

Une des belles vues de la course, juste avant qu'on entre dans la forêt, avec de superbes vues sur la rivière Hudson.


Un des deux gars ralentit légèrement autour du 15ekm et après un instant d'hésitation, j'accélère sur quelques mètres pour rester collé derrière l'autre coureur. Peu de temps après, le coureur se tasse complètement à gauche et j'ai l'impression qu'il est tanné que je cours juste derrière lui. J'ai ma première conversation de la course:

Moi:
-Sorry, you're stronger than me and I cannot pace you. But I'll give you a beer after the race! What's your target?

Lui
-2:58 for New York City Marathon. You?

Moi:
-Same. Under 2:58 for NYC Marathon. What's your best marathon so far?

Lui:
-2:58, 3 years ago here. You?

Moi:
-3:00 last year in Toronto. All right, I'll go back to my music.

Évidemment, aucun de nous deux ne mentionne à l'autre qu'à ce rythme, c'est en 2h52 qu'on complètera le marathon...

Et on court côte à côte pendant les minutes suivantes, au même rythme. Je trouve ça ridicule qu'on ne travaille pas ensemble pour se couper le vent mais comme il est plus fort que moi aujourd'hui, je ne peux rien faire.

Finalement, un premier coureur nous rattrape et on s'accroche à lui avant qu'on me largue tranquillement quand on approche des côtes au 18ekm. J'avais prévu ma liste de musique en fonction de ces côtes et je termine exactement sur les dernières notes de Run to the hills de Iron Maiden en haut de la dernière côte! Je commence à être un peu fatigué à l'approche du demi-marathon et j'ai hâte aux ravitaillements car je trouve que c'est peu de ne boire qu'aux 3km. J'avais pris mon 2e gel au début des côtes et j'avais demandé à Julie de m'apporter une bouteille au cas où lors du passage du demi-marathon, à l'endroit où ils sont supposés nous encourager.

Je franchis la moitié du parcours en 1h26 et 15 secondes (moyenne de 4m04), et je sais que je n'ai pas du tout respecté la règle mentionnant que dans un marathon, la première moitié est pratiquement un réchauffement et qu'on ne devrait pas avoir l'impression de forcer! :-)

J'aperçois finalement Julie, Mathéo, Isabelle et Benjamin, et je fais signe à Julie que je vais prendre la bouteille. Au lieu de la boire, je décide de m'asperger de la moitié de la bouteille sur la tête et BANG, le résultat est plus puissant que les deux gels que j'ai déjà pris. Je devais commencer à surchauffer sans m'en rendre compte car même s'il fait 10 degrés, mes pulsations cardiaques sont assez élevés à environ 95% de ma fréquence cardiaque maximale depuis le début de ce marathon.

On se prépare pour encourager papa!

À mi-chemin, heureux de voir mes supporteurs!

Je me sens en grande forme à nouveau et à ma surprise, les 8 km suivants sont en descentes! J'avais couru ce marathon il y a trois ans mais j'avais cassé du 18e au 28e km et je n'avais qu'un vague souvenir du parcours. Ça me fait une belle surprise non-planifiée et je me retrouve à nouveau à courir autour de 4m05 le km. Mes jambes vont super bien et j'ai du fun à courir avec la fille qui occupe la 2e place et échanger quelques paroles avec elle, en plus de passer deux fois dans des tunnels et de crier comme un enfant! Je finis même par presque rattraper le gars du 2h58 (qui terminera finalement en 2h52...).





En sortant de la forêt et de la piste cyclable, au 28e km de la course (j'ai maintenant 3-4 minutes d'avance sur mes prévisions), on attaque le segment le plus laid du parcours, sur la route avec les voitures qui passent devant (et près) de nous, sur une route maganée. J'étais prêt psychologiquement et j'ai une marge de manoeuvre qui me permet de ne pas trop stresser si je cours un peu moins vite. Heureusement, car c'est au début de ce segment que le plus de coureurs me dépassent, incluant une fille qui vient de s'emparer de la 2e place. Je reste positif et dans le moment présent et je cours pas mal au rythme que j'avais prévu, autour de 4m15 le km.

On me dépasse...mais j'ai encore du fun!



Autour du 32ekm, on court sur le bord de la rivière Hudson pour le dernier segment. Je prends mon dernier gel et je sais que c'est ici que ça passe ou que ça casse. Je consulte ma montre et un calcul rapide me permet de constater que je pourrais courir ce marathon en 2h55 si je maintiens le rythme...et qu'au pire, même à près de 4m45 le km je pourrais terminer en moins de 3h. Rassurant. J'ai tellement couru les jambes détruites à 4m15 le km à la fin d'une longue sortie intense que ça ne devrait pas être trop difficile. 



Physiquement, je n'ai aucune douleur. J'ai fait du renforcement musculaire (une première à vie!), surtout pour mes hanches, quelques fois par semaine au cours des trois derniers mois pour éviter les douleurs vécues à Toronto l'an dernier. Le corps est donc prêt et tient bien le coup...mais la tête m'abandonne. Je ne pensais jamais avoir de la difficulté à me motiver la fin de de ce marathon, surtout en étant dans mes objectifs de temps, mais c'est étrangement ce qui m'arrive.

Les kilomètres suivants ne sont pas très beaux dans ma tête. J'essaie de me parler, de penser à tous mes entraînements faits pour en arriver ici, à mes objectifs à portée de main, aux gens qui m'ont beaucoup encouragé, à mes proches, mais ça fonctionne très peu. Je sais que je peux encore réussir à courir en 2h57 mais il faudrait que j'accélère un peu. Le mieux que je trouve est de me motiver à allez rattraper un coureur à la fois parmi les derniers du demi-marathon qui vont compléter celui-ci en 3h (ils sont partis en même temps que nous mais à mi-chemin). Je me fais également rattraper par 1 ou 2 coureurs du marathon et j'en rattrape 1 ou 2 autres en chemin.

J'arrive à un stade, avec encore 6-7 km à faire, où je me fous totalement du temps final que je ferai: la voix du petit diable l'a emportée sur celle de l'ange. Je veux seulement finir ce marathon et je trouve que ça ne veut rien dire de le courir en plus de 3h ou en moins de 3h. Je suis écouerré de pousser autant mon corps dans les entraînements et lors des marathons depuis quelques années en regardant toujours ma montre pour essayer d'aller plus vite.

Au 40ekm, je me dis que je vais quand même sprinter (ou accélérer un peu au moins!) mais mon corps ne veut pas répondre. Merde! J'avais au moins imaginer que peu importe le temps final, j'allais être capable de pousser un peu à la toute fin, ce que je réussis normalement à faire. 500 mètres plus loin, je commence à apercevoir (enfin!) quelques spectateurs et je devine au loin la ligne d'arrivée. Ça prend ça à mes jambes (ou ma tête?) pour enfin réussir à accélérer! Je regarde ma montre et je réalise à ma grande surprise que le 2h57 est peut-être encore possible mais ce sera hyper serré. Je ne fais que courir le plus vite que je peux en laissant de côté ma montre, surtout que la distance d'un marathon n'est jamais exactement la même d'un parcours à l'autre. Je n'ai encore pas mal physiquement mais c'est quand même super difficile. Quand ma liste de musique se termine avec mon classique Bro Hymn de Pennywise, je donne vraiment tout ce qu'il me reste. Je sais que j'ai moins d'une minute restante pour terminer ce marathon en 2h57 (liste de musique de 2h57 01 seconde!) et ma montre indique effectivement 2h57 de course!

Au moment exact où je vois pour la première fois la ligne d'arrivée et le chrono qui indique 2h57 et une vingtaine de secondes, avec environ 100 mètres à faire, j'aperçois Julie, pratiquement en plein milieu du parcours qui me regarde et qui hurle: Go Phil, pousse, tu vas l'avoir!!! C'est à ce moment précis que je comprends que je vais réussir ma qualification pour le plus gros marathon au monde, celui de New York, qui demande un temps de 18 minutes plus rapide que celui de Boston pour mon groupe d'âge!



Objectif atteint!



No pain, no gain.

Je franchis la ligne d'arrivée, vidé. Fier de moi mais pas émotif comme je l'aurais cru. Je suis vraiment écouerré en fait. J'ai eu du plaisir une grande partie du marathon et je suis très heureux de la conclusion (surtout quelques jours plus tard) mais sur le coup, ce n'est pas la fierté qui dominait.

Pu jamais!

Ce furent mes premières paroles lorsque j'ai vu Julie quelques instants après mon arrivée.

Dégustation de gâteaux au fromage du Cheesecake Factory!


Quelques jours plus tard, mon verdict n'a pas changé: je n'ai AUCUNE intention d'aller battre mon record de 2h57 dans un prochain marathon. Je ferai celui de New York pour profiter à fond de l'expérience, bien entraîné mais sans pression. Est-ce que j'aimerais courir des marathons prestigieux? Oui. En moins de 3h? Peut-être. Je sais en tout cas que je n'ai plus envie de choisir mes marathons presque uniquement en fonction de leur rapidité. Ça fait des années que je souhaite courir celui de Québec, par exemple, qui n'est pas un marathon rapide. Et qui sait si je ne referai pas celui de Montréal, si la 2e partie du parcours est modifiée...:-)



Tout ça pour cette médaille? se demande Mathéo











lundi 21 mars 2016

Sortir de sa zone de confort

Sortir de sa zone de confort.

Voilà qui résume bien mon approche pour le marathon de Toronto.

Le contexte:

Il y a 2 ans, 2 mois après avoir terminé le Ironman de Mont-Tremblant, j'étais sur la ligne de départ du marathon d'Albany. Je me souviens que j'étais un peu fatigué et que j'avais dit à ma blonde que je ne sentais pas que ce serait une bonne journée. Finalement, je n'avais pas eu une très bonne gestion de ma course mais j'avais tout de même réussi à battre mon record personnel et courir un premier marathon sous la barre des 3h05.

Au cours des marathons suivants, malgré un gros focus sur la course à pied au détriment du triathlon, je n'ai jamais été en mesure de battre ce temps, encore moins de réussir à casser la barre du 3h, ce qui est mon plus grand objectif.

J'avais donc décidé cette année de répéter la même formule qu'en 2013, avec des entraînements courts mais intenses pour mon marathon d'automne et avec un peu plus de repos juste avant ce marathon.J'ai rencontré Vincent au Ironman de Mont-Tremblant et il est embarqué dans mon plan pour également enchaîner avec le marathon de Toronto. Celui-ci court plus vite que moi mais nous avons quand même convenu d'aller s'entraîner 1x par semaine au Parc Maisonneuve sur l'heure du lunch et j'adapterais mes vitesses en fonction de mon objectif (2h59).

Quel choc pour le corps! À mon retour à l'entraînement après un repos de 2 semaines post-Ironman, j'ai enchaîné 3 entraînements par intervalles à des pace pour des courses de 5km! Au cours des 3 semaines suivantes, j'ai souvent regardé l'entraînement en me disant que j'allais l'adapter pour le rendre un peu plus facile mais ensuite je me disais que je devais sortir de ma zone de confort et suivre le plan de match. Les entraînements à des pace 10km pour un total de 15km sur l'heure du lunch sont devenus monnaie courante et lorsqu'on enchaînait avec des pace 21km, j'avais au moins l'impression de me balader!

J'ai donc enchaîné les 3 semaines suivantes avec 2 gros entraînements d'intervalles pendant la semaine et une plus longue sortie progressive un vendredi sur deux lors de ma journée de congé.Je revenais de mes entraînements avec la voix en moins, sentant toujours que je n'aurais pas pu en faire plus. Pour être honnête, c'était vraiment à la limite. Je ne pense que c'est très bon pour le corps de faire ça souvent.

Parlant de fatigue, à 5 jours de mon test (le demi-marathon de Montréal, 1 mois avant Toronto), je n'étais même pas capable d'effectuer un entraînement facile à mon pace marathon pour 1k, 2k, et 3km. Cette fois, j'ai mis le plan de côté et j'ai écouté mon corps. Au cours des 4 journées suivantes, ma seule sortie de course à pied fut le vendredi matin pour aller reconduire Mathéo à la garderie et revenir à la maison, pour un total de 6km. Au demi-marathon de Montréal, à ma grande surprise, j'ai réussi à courir les 21,1km à 4m04s le kilomètre pour 1h26 au total. Ça m'a donné beaucoup de confiance en moi et ça m'a aidé à continuer de m'entrainer fort pour un autre 10 jours avant le repos pré-marathon.

Une bière à 10h du matin avec mon ami Ben qui m'a inspiré à devenir un coureur.


Le week-end du marathon:

Le vendredi avant le marathon, je dois me faire à l'idée. Ma température idéale pour un marathon (13 degrés, même les études le prouvent!) qui est la température moyenne à Toronto à la mi-octobre, ne sera pas au rendez-vous. Ils prévoient 2 degrés pour Toronto au moment du départ, et 4 degrés à l'arrivée 3h plus tard. J'ai parfois couru mes marathons dans des température normales mais généralement j'ai couru dans la canicule. Je suis très content que ce ne soit pas le cas à Toronto mais de là à courir un marathon à 2 degrés!

J'exprime mes inquiétudes à Julie, comme quoi ce sera trop froid pour bien performer et que je ne pense pas que je pourrai réussir un marathon en moins de 3h à cette température. Julie me brasse un peu en me disant d'arrêter de chercher des défaites car généralement je trouve qu'il fait trop chaud et là je trouve qu'il fait trop froid. Vincent utilise la même technique lorsque je lui dit que je n'ai jamais été capable d'être fort du début à la fin sur un marathon, que ma vitesse ralentit toujours. Il me rappelle que je n'ai jamais non plus couru un marathon en moins de 3h. OK, je ne souhaite pas être celui qui se trouve toujours des défaites, encore moins avant une compétition. Je promets à Julie que j'irai quitte ou double et que je ne courrai pas uniquement pour réussir mon meilleur temps mais plutôt pour courir sous les 3h. Je vais au moins essayer (comme le chante Radiohead, the best you can is good enough).

Je quitte Montréal samedi matin pour aller prendre le train vers Toronto...alors qu'il neige! Ce sera également mon premier marathon sans Julie (ni Mathéo) comme Julie est en formation ce week-end là pendant que sa mère garde Mathéo à la maison. Je retrouve Vincent et quelques autres Chickens dans le train et je savoure les 5h à relaxer pendant le trajet.






Arrivés à Toronto sous un beau soleil, on va rapidement récupérer nos dossards à l'expo-marathon et on retrouve les autres Chickens pour un souper en ville. C'est à mon tour de motiver 2 autres coureurs qui doutent soudainement de leurs objectifs pour le lendemain.





Je rentre à mon hôtel tout près de la ligne du départ/arrivée du marathon et j'en profite pour voir un peu Toronto, pour ce séjour éclair de 24h 18 ans après ma dernière visite de la ville! Je retrouve mon hôtel à 55$ la nuit (...) et je suis surpris que ce soit plutôt bien finalement! Je prépare tranquillement mes trucs pour le lendemain tout en écoutant la fin du match des Canadiens à la télévision.





Le jour de la course:

Habitué de me lever tôt avec un bébé, je me surprend à me lever encore plus tôt que d'habitude, vers 5h30. Je suis reposé, en forme...et je me sens d'attaque! J'ai tout mon temps pour me préparer avec un départ tardif à 8h45 et je vais retrouver Sannie et les filles juste avant le départ. En effectuant mes accélérations, je suis surpris d'être très confortable malgré les 2 degrés. Je décide de ne pas porter de petits gants ni de cache-cou léger. J'ai mes shorts habituels de marathon et mes bas de compression, un gilet technique à manche longue, une légère veste coupe-vent, ma casquette et ma montre. Étant donné la température et comme j'ai appris récemment à boire moins en entraînement, je vais courir sans ma ceinture d'hydratation. Je porte donc ma ceinture de triathlon avec mon dossard dessus et mes 5 gels.

Le coq et les poulettes juste avant le départ!

Je jogge jusqu'au départ et je réalise que ma ceinture d'hydratation, avec le poids des gels, bouge un peu trop. J'essaie de l'ajuster mais rien à faire. J'essaie de rester positif en me disant que je dois vivre avec cette décision et je pense au gagnant du marathon de Berlin qui a couru avec une semelle qui sortait de son soulier.

En m'inscrivant à ce marathon, j'avais prévu courir le premier demi-marathon avec le lapin du 1h30 et ensuite essayer de conserver le même rythme. Récemment, j'ai décidé de plutôt y aller au feeling en prévoyant compléter le premier demi-marathon en 1h28 et m'accrocher juste assez pour réussir ce marathon en 2h59.

Dans tous les cas, je réalise que le lapin du 1h30 se retrouve derrière le lapin qui complètera le marathon en 3h15, ce qui ne fait aucun sens! Tant mieux, ça me confirme que je suis mieux de gérer moi-même ma course.

Le départ est donné et je me sens super bien pendant les premiers kilomètres. Je remarque que mes pulsations cardiaques sont élevées (170) mais je cours en écoutant mon corps et tout va bien. Je suis surpris de voir qu'on court parfois entre les rails de tramway et ça me rappelle le marathon d'Amsterdam. Après 5 kilomètres, mes pulsations sont revenues à la normale et on quitte le centre de la ville en passant près de la tour du CN et on se dirige vers le boulevard sur le bord du lac. Vincent court pas très loin devant moi. Soit qu'il a une mauvaise course ou soit que j'ai une excellente course!

Sur le boulevard près de l'eau, je réussis à courir derrière des coureurs pour me cacher du vent. Je suis chanceux car à 5 pieds 11, on dirait que je suis le plus petit coureur de mon groupe alors ça me protège encore davantage du vent!

On croise les élites qui reviennent du turn-aournd et c'est toujours un spectacle impressionnant de voir ces Kenyans ou Éthiopiens courir à 3 minutes le kilomètre avec une foulée parfaite et sans sembler forcer plus qu'il ne faut. De mon côté, j'approche du turn-around à 14km et sur mon iPod, c'est une chanson nouvelle sur ma liste qui joue et qui me fait sentir super bien (Chandelier de Sia). Je tape dans la main d'enfants au même moment et en constatant que j'ai franchi le tiers de la distance en 58 minutes. C'est à ce moment que je sens que je peux réussir ce marathon en moins de 3h.

Les kilomètres suivants se passent aussi bien et j'arrive rapidement à l'intersection où les demi-marathoniens prennent à gauche pour le dernier kilomètre. Vincent m'a prévenu que les 10 prochains kilomètres sont plus solitaires et difficiles. Effectivement, je me retrouve pas mal seul avec un bon vent de face mais je franchis les 21,1km tout juste en moins de 1h28. C'est un peu plus vite que prévu mais je me sens bien et je sens qu'il me reste encore beaucoup d'énergie. Et ma ceinture m'a seulement gênée à quelques occasions pour quelques secondes seulement et je réussis à l'oublier.

Pour les kilomètres suivants, on court dans un quartier industriel pas très joli et près d'autoroutes. Ma vitesse diminue un peu mais je demeure assez constant, en sentant cependant que je dois pousser un peu plus pour maintenir cette vitesse et je remonte les manches de mon gilet. J'essaie de courir derrière d'autres coureurs mais personne ne court à la même vitesse que moi alors je me résigne à poursuivre le marathon en solo.



Après un aller-retour autour du 25e km, on file en ligue droite longtemps et je croise à nouveau les meneurs ainsi que les 2 Canadiens qui tentent de se qualifier pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016. Au 28e km, je passe sous les 2h mais je ressens un pincement à la cuisse droite. Le stress s'empare de moi comme ça ne m'est jamais arrivé depuis que je cours avec des bas de compression et je me dis que je dois boire un peu plus aux ravitaillements et m'assurer de continuer de prendre mes gels régulièrement. C'est à ce moment-là que je commence à douter que je puisse compléter ce marathon en moins de 3h mais je suis prêt à tout donner ce que j'ai, peu importe le résultat.

Les kilomètres suivants jusqu'à un autre turn-around au 35e km sont assez difficiles. Je réussis à garder mon rythme mais je dois augmenter mes pulsations cardiaques à 170 pour y arriver. J'y vais un kilomètre à la fois et j'ai hâte d'arriver au turn-around car je sais qu'ensuite ce sera une ligne droite jusqu'à la fin. J'atteins finalement le 35e km et tourne à 180 degrés pour les 7,2 derniers km. Je commence à être vraiment fatigué et manquer d'énergie et je sais que je ne pourrai atteindre mon objectif. J'ai toujours eu le plan B de courir le marathon en 3h et je passe mon temps à me dire de seulement garder le rythme et que j'y arriverai. J'ai des pensées parfois de prendre ça un peu plus relax en me disant que je pourrais y aller pour un record personnel de 3h02 ou 3h03. Je chasse heureusement rapidement ces pensées en me rappelant tous les entraînements difficiles que j'ai faits et que j'ai laissé Julie et Mathéo à Montréal pour ce marathon. Je n'ai pas envie de revenir sans avoir tout donné.

Ces 7,2 kilomètres sont vraiment difficiles. Je réussis à courir plus vite que lors de n'importe quelle autre fin de marathon mais je suis clairement sorti de ma zone de confort. J'espère uniquement que mon corps tiendra le coup jusqu'à la ligne d'arrivée comme je réussis à gérer plutôt bien mon esprit. À environ 2km de l'arrivée, on revient au centre-ville et j'essaie d'accélérer un peu mais je ne contrôle plus grand chose. Pour la première fois de ma vie, j'ai l'impression de ne pas être dans mon corps. Je cours comme un robot sur le pilote automatique. Je ne me sens réellement pas dans le moment présent et j'ai à 2-3 reprises l'envie de me donner une claque au visage pour me réveiller un peu. Après 2h59 de musique, ma liste de lecture se termine et je vois rapidement le chiffre de 3h s'inscrire sur ma montre. Je suis tout près de la ligne d'arrivée et lorsque j'aperçois le chronomètre qui vient de changer à 3h01, sachant que je ne suis pas parti le premier sur la ligne de départ, j'effectue une dernière accélération en espérant que mon temps final sera de 3h.

Technique horrible de course à pied pour les derniers mètres du marathon!


Vincent m'attend à la ligne d'arrivée, de super bonne humeur avec un objectif plus qu'atteint (2h53) et on jase également avec Pierre Lavoie qui est arrivé un peu avant Vincent. Je suis obligé de me tenir après Vincent tellement j'ai mal partout et que marcher est difficile. Mais je suis super heureux et très fier de moi. Je pense avoir réussi 3h mais au pire, j'ai vraiment tout donné et j'ai amélioré de beaucoup mon record qui datait de 2 ans, soit 3h04 et 56 secondes.

Je fais le signe de 3h...même si je ne connais pas encore mon temps final!


Je réussis lentement comme un escargot à me rendre à l'hôtel et avant de prendre ma douche, je regarde le site officiel pour connaître mon temps: 3h00 et 58 secondes!!! Je suis super heureux!!! J'aurais sincèrement été vraiment déçu d'avoir couru 2 secondes plus lentement!

Je réponds à quelques messages-textes de supporteurs du Québec et je retrouve Sannie pour un lunch rapide avant de retourner prendre le train de retour. L'hamburger est délicieux, tout comme la bière!

Dans le train du retour, l'ambiance est à la fête. J'aurais évidemment préféré courir sous les 3h mais je suis quand même hyper heureux. Je commençais à avoir des doutes sur mes capacités de courir un marathon en 3h et je sais maintenant que je peux réussir à courir en 2h59 avec les conditions idéales. Dans le pire des cas, je peux vivre avec un meilleur temps personnel de 3h sur un marathon! :-)

Quelques mois plus tard, j'ai décidé de tenter à nouveau ma chance au marathon d'Albany pour réussir mon marathon en 2h59. Mieux que ça, mon objectif sera de me qualifier pour le marathon de New-York en 2h57 pour mes 40 ans! Je vais également courir le marathon d'Ottawa mais sans grandes attentes. Le parcours d'Ottawa est plus difficile que celui de Toronto et il fait généralement beaucoup plus chaud que les 2 degrés de Toronto! À suivre...